Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/342

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Litaolané prend un couteau et, sourd aux prières de sa mère, il va attaquer le mangeur du monde. Kammapa ouvre son épouvantable gueule et l’engloutit, mais l’enfant de la femme n’est pas mort ; il est entré, armé de son couteau, dans l’estomac du monstre et lui déchire les entrailles. Kammapa pousse un horrible mugissement et tombe. Litaolané commence aussitôt à s’ouvrir un passage ; mais la pointe de son couteau fait pousser des cris à des milliers de créatures humaines, enfermées vivantes avec lui. Des voix sans nombre s’élèvent de toutes parts et lui crient :

— Prends garde, tu nous perces.

Il parvient cependant à pratiquer une ouverture par laquelle les nations de la terre sortent avec lui du ventre de Kammapa. Les hommes, délivrés de la mort, se disent les uns aux autres :

— Qui est celui-ci qui est né de la femme seule et qui n’a jamais connu les jeux de l’enfance ? D’où vient-il ? C’est un prodige et non un homme. Il ne saurait avoir de part avec nous : faisons-le disparaître de la terre.

Cela dit, ils creusèrent une fosse profonde, la recouvrirent à sa surface avec un peu de gazon, et placèrent un siège dessus ; puis, un envoyé courut vers Litaolané et lui dit :

— Les anciens de ton peuple se sont assemblés et désirent que tu viennes t’asseoir au milieu d’eux.