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l’antilope a laissé tomber. La panthère a le nez aplati et deux dents cassées. L’antilope profite de son ahurissement pour fuir, tandis que la tortue git étourdie au pied de l’arbre.

— Ah ! ma mère, dit la panthère furieuse, les voleurs étaient deux : j’en tiens un qui paiera pour lui et pour l’autre.

Elle confie la tortue à ses enfants pour la donner aux femmes qui en feront un bouillon excellent pour les dents.

Sur le chemin du village, la tortue dit aux enfants :

— Attendez-moi un instant, je vais entrer dans ce taillis, car j’éprouve un pressant besoin.

Les petits de la panthère s’assoient sur le bord du chemin pour l’attendre. La tortue, libre de nouveau, va au village et dit aux femmes de la panthère :

— Je viens de rencontrer votre mari qui allait assister à un grand palabre. Il m’a dit de lui apporter le chapeau et le beau pagne que les blancs de la côte lui ont envoyés. Il veut aussi un œil de chacune de vous pour faire son fétiche afin que le palabre lui soit favorable.

Les femmes tremblantes lui donnent le chapeau et le pagne, mais se sauvent dans la brousse pour garder leurs deux jeux. C’est ce que voulait la rusée tortue qui met à profit leur absence