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1603. septembre.

je le pourrois saluer en la dite compagnie, et puis ne le gueres prattiquer. Il me dit de plus qu’il m’asseuroit que plus de la moitié de l’armée s’opposeroit a luy s’il me vouloit faire quelque violence, ou mauvais traittement, et que les deux comtes de Hollac, celuy de Zolms[1], le reingraf, les colonels de Mersbourg, de Pets, de Strasolde, et luy, joints ensemble, estoint plus puissants que le general ; qu’au reste j’envoyasse mes tentes en son quartier des Hongrois quy avoint l’avant-garde, et que j’y aurois autant de pouvoir que luy.

Cette nouvelle me resjouit fort, car j’estois en peine de mon abbord avesques Rosworm, et en peine aussy, sy je ne le voyois point, qu’il ne me voulut souffrir a l’armée, ou nous arrivasmes sur les trois heures apres midy du mesme jour. Et apres que Mr le prince de Jainville eut salué le Rosworm au devant de sa tente, je le saluay aussy, et luy moy, puis Mr de Tilly quy m’entretint jusques a ce que Mr de Chevreuse et monsieur le general se separerent : et lors je m’en vins en mes tentes, quy estoint tendues a l’avant garde cheux Colovich[2] qui m’y mena, puis s’en alla.

Apres soupper le dit Colovich me manda qu’il me viendroit prendre incontinent, et que je fusse a cheval devant ma tente : ce que je fis, et allames ensemble passer le pont a l’isle d’Odom, qui estoit contre nostre

  1. Parmi les nombreux comtes de Solms alors existants, celui-ci était sans doute Guillaume, comte de Solms Greiffenstein, fils de Conrad, comte de Solms Braunfels, et d’Élisabeth de Nassau, lequel fut plus tard commissaire impérial en Hongrie.
  2. Ici et dans la suite du récit il s’agit de Zeifrid Colowitz.