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journal de ma vie

parler, comme je fis aussy ; et me dit que je le vinsse trouver sur le soir ; que madame d’Angoulesme, sa belle-sœur[1], le devoit venir trouver, et qu’il me parleroit devant elle et sa fille de sa resolution de me la donner en mariage ; et me dit devant elle : « Mon fils, voila une femme que je vous garde ; salués la. » Ce que je fis, et la baisay. Puis il luy parla, et a madame d’Angoulesme, quy tesmoygna estre fort satisfaite de l’election que son beau-frere avoit faite de moy pour sa niece.

Ma mere pria madame la princesse de Conty de la mener le lendemain cheux madame d’Angoulesme, quy luy dit en arrivant : « Nous serons les deux meres de nos nouveaux mariés, et ne sçay quy, de vous ou de moy, Madame, en aurons le plus de joye. » Elle fut de là voir monsieur le connestable, quy luy dit qu’elle tint la chose secrette, et que, cependant, leurs deux conseils s’assemblassent pour resoudre les articles, ce qu’ils firent. Mais il la pria que Mr le president de Jambeville[2] n’y fut point appellé, parce, dit-il, que cela se divulgueroit trop, et qu’elle prit un homme seul[3] quy se joignit avec Mr du Tillet Girard : ce

    duc de Longueville. Le connétable ne voulut pas consentir à cet échange, et le roi s’irrita de son refus (Histoire de la maison de Montmorency, par Désormeaux, t. V, p. 192 ; Histoire du duc de Montmorency, anonyme, 1699, p. 20).

  1. Comme veuve de François, duc de Montmorency, frère aîné du connétable.
  2. Antoine le Camus, seigneur de Jambeville, fils de Martin le Camus, conseiller au parlement de Paris, et de Louise le Grain ; président à mortier en 1602, mort en 1619.
  3. L’auteur n’a-t-il pas voulu dire : un homme seur(sûr), plutôt que :