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1609. janvier.

Je fus aussy de la mesme opinion, et parce que monsieur le connestable ne voyoit point lors le roy, il voulut que je luy en fisse l’ouverture en presence de Mr  de Roquelaure, lequel diroit aussy au roy que monsieur le connestable l’avoit prié d’en demander de sa part la permission a Sa Majesté ; ce que nous fismes tous deux des le mesme soir ; et le roy aggrea tellement cette affaire, qu’il dit que non seulement il la trouvoit bonne, mais mesmes qu’en cette consideration il s’accorderoit avec mon dit sieur le connestable, et que je luy allasse a l’heure mesme dire de sa part qu’il le vint voir le lendemain, asseuré qu’il luy feroit bonne chere : ce que je courus luy dire, dont il fut merveilleusement satisfait.

Incontinent le bruit de mon mariage courut par la court, et le roy, pour m’obliger, voulut aller le lendemain cheux madame d’Angoulesme, apres avoir veu le matin monsieur le connestable, a quy il fit fort bonne chere : il dit d’abord a madame d’Angoulesme qu’il venoit, comme mon amy particulier, voir mademoiselle sa niece, et se resjouir avec elle de ce qu’elle l’avoit bien logée, et fit beaucoup d’autres apparences de tendresse pour moy.

Le soir mesmes arriva Mr  de Boullon auquel le roy d’abord parla de sa charge sur mon sujet, lequel luy dit qu’il estoit venu a ce dessein. Je le saluay, comme les autres quy estoint là : mais j’oubliay, le lendemain, de l’aller voir cheux luy, comme certes je devois, puis qu’il estoit neveu de monsieur le connestable[1], et

  1. Comme fils d’Éléonor de Montmorency, sa sœur.