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1609. février.

premier prince de mon sang, quy vous en a prié luy-mesme ; » et sur cela me quitta et prit Mrs de Pralain et de Termes, et leur commanda de venir disner avec moy et me persuader d’y aller, puis que c’estoit de mon devoir et de la bienseance : ce que je fis apres a leur remontrance ; mais ce fut de sorte que je ne partis que lors que les princesses amenerent la fiancée au Louvre, et qu’elle passa devant mon logis ; ce quy m’obligea de l’accompagner avesques ces messieurs quy avoint disné cheux moy, et puis, de la porte du Louvre, nous nous en retournasmes trouver Mr le Prince, que nous rencontrames comme il sortoit du Pont Neuf pour y venir. Les fiançailles se firent en la galerie du Louvre ; et le roy, par malice, s’appuyant sur moy, me tint contre les fiancés tant que la ceremonie dura.

Deux jours après, je tombay malade de la fievre tierce : et apres que j’en eus eu quattre acces, un matin, apres avoir pris medecine, un gentilhomme gascon, nommé Noel[1], me vint trouver au lit, et me dit qu’il desiroit se battre avec moy lors que je serois en santé. Je luy respondis que j’en avois a revendre quand c’estoit pour me battre, et me levay sur l’heure avesques ma medecine dans le corps, et l’allay trouver au rendés vous qu’il m’avoit donné, quy estoit a Bicestre, par un extreme brouillard, y ayant deux piés de neige sur la terre. Comme nous fusmes en presence, deux Gascons, nommés la Graulas et Car-

  1. Urbain, seigneur de Noé, fils de Gérard, seigneur de Noé, et de Catherine de Narbonne ; ou son frère puiné, Paul de Noé, seigneur de l’Isle.