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journal de ma vie.

un vallet, quy portoint en crouppe madame la Princesse sa femme, mademoiselle de Serteau, et une femme de chambre nommée Philipotte, et s’en alla a Landrecies. Le roy jouoit en son petit cabinet quand d’Elbene[1] premierement, puis le chevalier du guet, luy en porterent la nouvelle, et j’estois le plus proche de luy : il me dit lors a l’oreille : « Bassompierre, mon amy, je suis perdu ; cet homme a emmené sa femme dans un bois. Je ne sçay si ça esté pour la tuer, ou pour l’emmener hors de France. Prends garde a mon argent, et entretiens le jeu ce pendant que j’en vas sçavoir de plus particulieres nouvelles. » Lors il entra avec d’Elbene dans la chambre de la reine, quy couchoit dans son cabinet depuis ses couches de sa derniere fille, de laquelle elle s’estoit trouvée fort mal.

Apres que le roy fut party, Mr le Comte[2] me pria de luy dire ce que c’estoit ; je luy dis que son neveu et sa niece s’en estoint allés : puis en suitte Mrs de Guyse, d’Espernon, et de Crequy m’ayant fait la mesme

    craignit la sévérité et menace de son Roy, ou pour quelque autre subject à eux seuls connu. » (Véritable discours de la naissance et vie de Monseigneur le prince de Condé, par le sieur de Fiefbrun).
    Le nom de Toiras, surchargé dans le manuscrit du maréchal de Bassompierre, est devenu Tournay dans les copies et dans les précédentes éditions, et Touray dans les Memorie recondite de Vittorio Siri (t. II, p. 81).

  1. Alexandre d’Elbene, Florentin, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, fut colonel de l’infanterie italienne en France, et premier maître d’hôtel de la reine.
  2. Le comte de Soissons, que l’on appelait M. le Comte, était frère consanguin du père du prince de Condé.