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journal de ma vie

pierre, et Mr  le Comte publia hautement qu’il me mettroit en un estat auquel je perirois, ou mon honneur. J’assemblay conseil de mes avocats pour sçavoir comment je me devois comporter en cette occurrence, lesquels furent unanimement d’avis que je ne pouvois ny ne devois en justice rien craindre, mais qu’un sy puissant ennemy que Mr  le Comte, quy l’entreprenoit, estoit fort a redouter, et qu’ils me conseilloint que je tirasse l’affaire de longue, jusques a ce que [le temps me fut favorable. La reine se desclara ouvertement pour moy, et tout ce que][1] j’avois besoin de son assistance, elle me fit la grace de l’employer en ma faveur. Je m’en vins donc a Fontainebleau, dilayant les reassinnations pour comparestre devant l’official de Paris, et quand je ne peus plus, j’appellay de tout ce qu’il procedoit, a Sens[2].

Avril. — Comme nous estions a Fontainebleau, le samedy saint[3], apres avoir fait mes paques, le marquis Spinola arriva, et la reine me commanda de le recevoir et traitter, ce que je fis, et luy donnay a disner ; puis il passa outre pour s’acheminer en Espaigne, et moy, j’allois cependant battre la campagne ; puis je revins a Paris sur une proposition d’accord que l’on me vouloit faire faire avesques Antragues, a quoy je ne me voulus accorder.

  1. Inédit. Il y avait dans les éditions précédentes : jusques à ce que j’eusse fait dire à la reine que j’avois besoin de son assistance.
  2. L’archevêque de Sens était le métropolitain de l’évêque de Paris.
  3. 2 avril.