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journal de ma vie.

Mr le mareschal d’Ancres quy m’en avoit offert jusques a six cens mille livres, et j’en demandois six cens cinquante.

Le soir mesme que j’eus obtenu mon congé, le roy et la reine nous envoyerent visiter Mr de Pralain et moy, croyant que je fusse bien plus blessé que je n’estois, veu le lieu de ma blesseure. Ils nous escrivirent de tres favorables lettres a tous deux[1], et le mareschal d’Ancres me manda que sy je jouois a me faire tuer, qu’il seroit mon heritier ; et que sy je me portois en estat de venir conclure, il me donneroit pour les cinquante mille francs dont nous estions en dispute, pour dix mille escus de pierreries au dire d’orfevres. Je partis donc a ce dessein, et Mrs le marquis de Temines[2], comte de Fiesque, Zammet, et plus de cinquante autres gentilshommes voulurent venir avec moy.

Nous partimes donc le 21me et ne vinsmes coucher qu’a Chasteau Porcien. Mais le lendemain 22me nous fumes coucher a Vely[3] ou Mr de la Curée nous vint voir ; c’estoit un samedy au soir ; et me pria de venir le lendemain ouir messe et desjuner en son quartier quy estoit sur nostre chemin, ce que je fis, et le 23me

  1. Les lettres du roi à MM. de Praslin et de Bassompierre étaient du 18 avril. Le même jour, l’évêque de Luçon avait écrit au même sujet à M. de Bassompierre (Lettres et papiers d’État du cardinal de Richelieu, t. I, pp. 520 et 522.)
  2. Antoine de Lauzières, marquis de Thémines, fils de Pons de Lauzières, marquis de Thémines, maréchal de France, et de Catherine d’Ebrard de Saint-Sulpice, tué au siège de Montauban en 1621.
  3. Vailly-sur-Aisne, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Soissons, département de l’Aisne.