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1620. octobre.

duc de Luynes ; mais qu’il eut trouvé mauvais que j’eusse dit au roy qu’il devoit chastier ses propres ennemis[1], ausquels il avoit conseillé de pardonner, que je ne me le fusse jammais imaginé, attendu que c’estoit parler en sa faveur et tesmoigner sa grande debonnaireté de pardonner a ceux quy l’avoint offensé, quand les indifferens en jugeoint quelques uns de ceux là indignes de cette grace ;

Que j’avois conseillé, selon mon devoir et ma conscience, au roy de haster son voyage de Guyenne, et de luy avoir fait connestre qu’en dilayant il perdoit la belle sayson et nuysoit a ses affaires ; que je ne luy avois pas donné ce conseil en secret ny en cachettes, mais en sa propre presence, affin qu’il le peut fortifier s’il le desiroit, ou l’infirmer s’il ne luy aggreoit pas, et que sy lors j’eusse veu qu’il n’y eut acquiescé, j’eusse cessé de l’opiniatrer et me fusse rendu a la premiere semonce ; et que ce n’estoit point de propos deliberé que j’estois venu donner cet avis au roy, mais bien en suitte d’une proposition qu’il en avoit faite, et plustost par maniere de discours que de conseil ;

Qu’il prenoit en suitte un foible pretexte de rompre avesques moy parce que je n’estois pas allé charger sa table de ma personne quelquefois qu’il m’en avoit convié, veu que ma modestie et la profession [particuliere][2] que je faisois d’estre son serviteur m’avoit fait faire l’honneur de sa mayson aux estrangers en leur cedant ma place a sa table, et que la mienne ou tous les principaux seigneurs venoint journellement

  1. Les ennemis de Luynes.
  2. Inédit.