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1621. mars.

peuple de devant ce logis, fit sortir la famille[1] de ces ambassadeurs de dedans et prit dans son carrosse Mr du Fargis qu’il rammena au sien sans qu’il luy fut mesfait.

Mr du Fargis quy avoit fait ce desordre, fut par finesse le premier a se plaindre, et demanda le lendemain audience, et en icelle, justice de l’exces que contre le droit des gens on avoit commis contre luy, et le roy luy promit de la faire, et donna une commission a cet effet. Mais quand il eut sceu ce quy s’estoit passé, il ordonna que sans toucher a la personne des ambassadeurs de France et de Venise, on mit prisonniers tous ceux que l’on pourroit attraper de leurs familles hors de leurs presences : ce quy fut executé, et peu eschapperent quy ne fussent pris. L’ambassadeur mesme ne se sentant pas asseuré de la furie du peuple, se retira de la ville et despescha au roy pour l’avertir de l’estat ou il estoit, me manda aussy de retarder mon arrivée ; mais je ne le voulus faire, et m’estant acheminé a Madrid, ayant precedemment ecrit au duc de Monteleon et a don Fernando Giron pour les prier d’accommoder cette affaire, ils en parlerent au roy quy leur commanda de me mander[2] que je vinsse a la bonne heure, et que j’aurois de luy toute satisfaction, comme veritablement je receus de luy ; car le jour de mon entrée a Madrid il fit eslargir non seulement les serviteurs de ces deux ambassadeurs en ma faveur, mais encores les autres François quy l’estoint[3] pour autres sujets.

  1. Les gens.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : dire.
  3. Qui étaient prisonniers.