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journal de ma vie.

tiroit promptement quand il seroit temps de se rendre a l’armée.

Il me donna mesmes quelques particulieres commissions pour prendre garde a une union dont on l’avoit mis en allarme entre madame la Princesse, madame la Comtesse, et madame de Guyse. Il croyoit que Mr le Prince, et Mr de Guyse et Mr le Grand n’estoint pas fort contens de luy ; le premier pour n’avoir plus le commandement de l’armée du roy ; les deux autres pour avoir esté faits du conseil estroit du roy et puis on leur avoit dit que pour quelques considerations ils n’y entrassent pas. Il me tesmoygna une grande confiance fondée sur le dessein qu’il avoit de me faire espouser sa niece de Combalet, ainsy que luy avoint asseuré Mr le Prince et Mr de Guyse comme il a esté dit cy dessus[1] ; et ayant veu depuis comme j’avois dignement servy en Espaigne et que j’avois bien fait a ce dernier siege de Saint Jean, il se reschauffa en ce dessein et m’en fit parler par Rouccelay quy eut charge de sçavoir de moy ce que je desirerois pour mon advancement et pour ma fortune, ce mariage se faisant : car il s’imaginoit que je luy demanderois des offices [de couronne][2], dignités et gouvernemens, et que je me ferois acheter. Mais moy je respondis a Rouccelay que l’honneur d’entrer en l’alliance de monsieur le connestable m’estoit sy cher qu’il m’offenseroit de me donner autre chose que sa niece avesques sa robe ; que je ne luy demandois que cela et ne refuserois point en suitte les bienfaits dont il me jugeroit digne [lors que je

  1. Voir p. 230.
  2. Inédit.