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journal de ma vie.

nous tombasmes dans un corps de garde avancé des nostres quy nous firent une descharge de tout leur feu a brusle pourpoint : ma mandille[1] fut percée d’une mousquetade ; mais Dieu mercy, rien ne toucha ny a Gamorin ny a moy. En suitte nous ouvrimes la tranchée des gardes et en outre fimes une forte tranchée en un grand chemin quy estoit sur l’eau, ce quy se fit par le regiment de Piemont.

Le dimanche 22me monsieur le connestable vint a nostre campement et nous fit venir le trouver [pour luy parler][2] : et comme nous estions pres de luy, les ennemis firent une forte sortie sur Piemont quy estoit a la tranchée susdite contre laquelle un coup de canon de la ville ayant esté pointé, il emporta le corps du premier capitaine de Piemont nommé le Breuil[3], et la cuisse du lieutenant de Lambert[4], quy estoit mon domestique nommé Casteras, brave et gentil garçon quy en mourut a deux heures de là. Le capitaine Lartigue, du mesme regiment, eut le pié froissé d’une grenade, dont il mourut peu de jours apres. Le capitaine Serroque[5], du regiment de Normandie, se

  1. Mandille, sorte de casaque que portaient plus ordinairement les laquais.
  2. Inédit.
  3. Henri du Breuil, déjà capitaine au régiment de Piémont en 1594, avait obtenu, cette même année, la majorité de ce corps. C’est sans doute par erreur que Roussel, dans son Essai sur les régiments d’infanterie, donne le récit de sa mort au siége de Sommières en 1622, à moins qu’il n’y eut au corps un autre capitaine du même nom.
  4. Lambert était alors capitaine au régiment de Piémont.
  5. Le sieur de Sarroque était premier capitaine du régiment de Normandie.