Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/351

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
1621. octobre.

laissoit pas d’en dire souvent son avis. Mais Mr de Chomberg adjouta a son opinion que bien que les articles apportés par monsieur le connestable ne fussent a rejetter, neammoins qu’il ne conseilloit pas que l’on les accordat presentement, mais que l’on les dilayat pour quinse jours, attendu qu’en ce temps là le roy seroit maistre absolu de Montauban et auroit les mesmes conditions en sa puissance que l’on luy offroit maintenant, et de plus hautes s’il en demandoit ; et comme Mr de Chaunes repliqua qu’en cas aussy que l’on ne prit point Montauban, sy on estoit asseuré d’avoir les mesmes conditions[1], Mr de Chomberg dit que c’estoit un cas qu’il ne falloit pas poser parce que la prise en estoit infaillible, qu’il en respondoit au roy sur son honneur et sur sa vie, et qu’en cas que cela ne fut, il vouloit que le roy luy fit trancher la teste : sur quoy il fut resolu de remettre a quinzaine le traitté, et de le mander a Mr de Rohan quy en attendoit la response a Renies.

Ce jour mesme Mr le mareschal de Temines manda a monsieur le connestable que son quartier diminuoit de gens a toute heure, et que ses gardes estoint sy petites que sy les ennemis entreprenoint sur eux, il seroit forcé d’abandonner leurs tranchées ; que pour cet effet il le supplioit de commander qu’il entrat tous les soirs des trouppes de nostre quartier six cens hommes pour garder le sien. Monsieur le connestable en parla a Mr de Chaunes devant moy : mais je luy dis

  1. C’est-à-dire : demanda si, dans le cas où l’on ne prendrait pas Montauban, on serait assuré d’avoir encore les mêmes conditions.