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journal de ma vie.

qu’il avoit esté affriandé de l’envoy que nous luy avions fait peu de jours auparavant de sept compagnies des gardes ; que nous n’avions que les gens qu’il nous falloit pour garder nostre attaque, et que les trouppes enrageoint d’estre commandées d’aller garder un autre quartier que le leur ; finalement qu’ils cherchoint leur ayse au prix de nostre incommodité, et leur seureté en nostre peril. Monsieur le connestable prit bien mes raysons et ne nous commanda rien là dessus, renvoyant le gentilhomme qu’il[1] luy avoit envoyé, quy luy dit de plus que monsieur le mareschal estoit assés mal d’une fievre depuis deux jours.

Mais sur la response que ledit sieur mareschal eut par son homme, il le renvoya le lendemain matin jeudy 14me pour l’en presser de nouveau[2] et protester du mal quy en pourroit arriver sy l’on n’y provoyoit, et qu’il quitteroit le quartier ; ce quy fut cause que monsieur le connestable envoya un ordre precis a Mrs les mareschaux de Pralain et de Chaunes pour envoyer les six cens hommes en garde que Mr de Temines demandoit, lequel ordre ils me donnerent pour regarder aux moyens de le pouvoir executer. Quand je me vis sy pressé, je m’avisay d’une ruse que je mis incontinent en pratique, quy fut d’envoyer prier Mrs les comtes de Cramail et de Gramont de venir disner cheux moy quy avois quelque chose de consequence a leur desclarer : quand ils furent arrivés, je leur fis voir l’ordre que j’avois d’envoyer six cens hommes garder leurs tranchées ; et parce qu’ils

  1. Il, Thémines.
  2. Pour presser de nouveau le connétable.