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journal de ma vie.

Nous continuames ainsy en nostre quartier moytié guerre, moytié marchandise, jusques au mercredy 20me[1] que monsieur le connestable m’envoya commander de le venir trouver cheux Mr de Chomberg au quartier de Picardie ou il avoit disné. Il s’enquit de moy sy nous avions une mine preste a jouer et une attaque a faire ainsy qu’il me l’avoit commandé quelques jours auparavant, dont je l’asseuray que tout estoit prest quand il l’ordonneroit. Il me dit lors : « Il faut que ce soit pour demain quand je le vous envoyeray dire ; car s’il plait a Dieu, nous serons demain dans Montauban pourveu que chascun veuille bien faire son devoir. » Je l’asseuray qu’il ne tiendroit pas a ceux de nostre quartier d’y apporter toute leur industrie et pouvoir. Il me dit qu’il ne vouloit rien autre de nous sinon que par une feinte attaque nous eussions a divertir les ennemis pendant que du costé de Picardie on forceroit la ville. Je ne me peus tenir de luy dire : « Monsieur, vous en parlés avesques une grande confiance : Dieu veuille qu’elle ne soit point vaine. » J’avois bien ouy les deux jours precedens une furieuse batterie en ce quartier là ; mais je ne m’appercevois point d’aucune bresche raysonnable ny d’autre chose quy nous deut donner aucune apparence de cela : et certes je me suis mille fois depuis estonné d’un tel aveuglement quy ait continué sy long temps et a tant de diverses per-

  1. Ce fut probablement le mercredi 13 que M. de Bassompierre reçut cet ordre : c’était en effet ce jour-là que le roi avait dîné au quartier du prince de Joinville. On comptait sans doute donner l’assaut le lendemain. Mais pendant les journées des 14, 15 et 16 octobre, on ne fit que continuer les travaux et la batterie.