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journal de ma vie.

ennemis firent une autre grande sortie sur Champaigne[1] quy y estoit de garde et ne la peut soustenir, de sorte qu’ils gasterent toutes les tranchées. Ils donnerent aussy par en bas sur le regiment de Villeroy[2] quy les laissa passer jusques aux batteries de derriere eux, et donnerent sur une des trois pieces que quinse Suisses gardoint[3], dont ils en tuerent trois et chasserent le reste, et gasterent une desdites pieces.

Tant de malheurs consecutifs obligerent monsieur le connestable d’aller au quartier du Moustier et d’assembler les chefs des autres quartiers pour prendre une finale resolution. Chascun voyoit apparemment qu’il n’y avoit plus de moyen de continuer le siege ; mais personne ne le vouloit proposer. Marillac fut d’avis de faire un fort au Moustier, quy commanderoit la ville et auquel on mettroit tous nos canons et munitions en reserve pour, en un autre meilleur temps, en user, et que c’avoit esté le premier avis de Mr le mareschal Desdiguieres en arrivant a Montauban. Monsieur le mareschal dit allors qu’au commencement du siege le succes avoit fait voir que son conseil estoit bon et eut esté maintenant utile, mais qu’il n’estoit pas d’avis de l’executer astheure qu’il nous faudroit tenir une armée deux mois durant sur pié pour le mettre en perfection ; que la sayson ny nos trouppes ne le

  1. Le régiment de Champagne avait son quartier à l’attaque du Moustier.
  2. Le marquis de Villeroy avait amené à la fin de septembre un régiment de quinze cents hommes qui avait pris son quartier dans la plaine du Tescou, à portée de l’attaque du Moustier.
  3. Une petite partie des Suisses était aussi à cette attaque.