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journal de ma vie.

quattre heures apres midy de ce mesme jour, et que je m’en allois y donner ordre affin qu’a son arrivée il trouvast tout prest ; et a l’heure mesme je retournay a la tranchée pour le faire sçavoir aux gardes. Quelques capitaines m’y contrarierent, disans que les ennemis me donneroint sur la queue et que je ne ferois pas ma retraitte sans perte. En fin ils me creurent, et fis l’ordre necessaire pour bien frotter les ennemis en cas qu’ils fussent venus nous troubler, puis donnay ordre de faire descamper les Suisses, Estissac, Vaillac[1], Piemont, Chappes et Normandie, et les mettre en battaille entre le quartier des gardes et la queue de la tranchée ; apres quoy je demanday a parler a Mrs de la Force et d’Orval et aux capitaines quy avoint la garde contre nous, lesquels arrivés, je leur dis que nous estions pres de desloger, remettant la partie au printemps prochain pour l’achever a leur perte et a nostre avantage, et que j’estois venu prendre congé d’eux et sçavoir sy quelqu’un de nous avoit manqué de payer son hoste, affin de le satisfaire, ne voulant point laisser mauvaise renommée de nous. Ils m’embrasserent et me dirent adieu, m’asseurans que cette nuit a nostre depart ils nous feroint prendre le vin de l’estrieu. Je leur dis que s’ils nous vouloint faire boire, il falloit que ce fut dans une heure ; car nous voulions employer le reste de la journée. Ils n’en creurent rien ;

  1. Louis Ricard de Gourdon de Genouillac, comte de Vaillac, fils de Louis Ricard de Gourdon de Genouillac, comte de Vaillac, et d’Anne de Montberon, sa première femme, avait amené vers le milieu de septembre un régiment qui avait pris son quartier non loin de celui du régiment d’Estissac.