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journal de ma vie.

place d’armes et des autres quy estoint sur les traverses, quy leur firent bien cacher le nés, et ne parurent plus. Apres j’ostay les mousquetaires desdites traverses et places fait a fait que je n’en avois plus de besoin, et ainsy me vins camper a deux cens pas des tranchées en un lieu ou le canon de la ville ne nous pouvoit voir, aupres de toutes nos trouppes, proche du pont, sans que je perdisse un seul homme, en plein jour, ayant suffisamment averty les ennemis de nostre retraitte quy fut faite en la presence de Mr  de Chaunes quy l’approuva fort, et lors il s’en alla loger au quartier du roy, m’ayant precedemment ordonné d’y passer le lendemain, apres avoir asseuré le bord de deça de nostre pont par une bonne redoutte, a laquelle je fis a l’heure mesme travailler, estant chose d’importance, attendu que tous nos canons estoint sur les batteaux du pont, lequel il falloit rompre pour faire descendre nostre artiglerie a Moissac, ce que je pensois que l’on feroit seulement a deux ou trois jours de là. J’employay le reste du jour a poser les gardes de mon campement quy estoit ouvert de tous costés, et toute la nuit a faire passer nos malades et nostre bagage.

Sur le point du jour je mis cinq cens hommes des gardes et cinq cens Suisses pour faire teste aux ennemis durant le passage de nos trouppes et commençay a faire passer dans le quartier du roy les regimens de Vaillac et d’Estissac quand Mr  de Chomberg avec quelque trente gentilshommes passerent a moy. Il me donna une lettre du roy et une de monsieur le connestable, portant creance sur luy. Il me dit premierement ce dont le roy l’avoit chargé, quy estoit qu’íl me donnoit la conduitte et le commandement de son armée