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journal de ma vie.

quer toute l’infanterie, canon, bagage, et munitions de guerre et de vivres, [et] que pour donner les ordres necessaires pour nourrir nostre armée : ce que je reglay jusques a Agen ou j’envoyay en diligence pour avoir trente mille pains prets. J’allay aussy a la punte du Tar[1] reconnestre, et pourvoir a l’embarquement.

Le dimanche 14me je partis de Moissac et vins coucher a la Magistere[2]. Je fis passer ma cavalerie du costé gauche de l’eau[3], quy est un bon païs de fourrage.

Le lundy 15me je m’en vins a Agen ou je trouvay que l’on n’avançoit gueres pour nostre munition, et que les jurats de la ville la destournoint, disant que le pain encheriroit dans leur ville sy on en tiroit une sy grande quantité pour l’armée : ce que je ne trouvay pas bon. Messieurs de la ville m’estans venus voir, je leur dis comme le roy m’envoyoit nestoyer et rendre libre la riviere de Garonne, ce que j’esperois faire dans peu de jours par la prise de Monheurt que j’allois assieger, et que j’avois desja fait investir ; que je m’asseurois que pour une sy bonne œuvre ils contribueroint de tout ce quy seroit en leur puissance ; que j’avois diverses choses a leur demander, les unes en payant, les autres en prest a bien rendre ; de cette

  1. Le point de jonction du Tarn avec la Garonne, un peu au-dessous de Moissac. L’embarquement devait avoir lieu sur la Garonne.
  2. La Magistère, bourg du canton de Valence d’Agen, arrondissement de Moissac, sur la rive droite de la Garonne.
  3. Du côté gauche de la Garonne.