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journal de ma vie.

ville avec celle de Bordeaux ; quy vous devroit obliger non d’accorder ce que je vous demande, mais d’en offrir beaucoup davantage : et vous me respondés comme sy j’estois venu de la part du roy d’Espaigne ou d’Angleterre et non de celle de vostre roy. Sçachés que je vous puis oster, (voire faire pis), ce que je vous demande, et que ceux là donnent tout, quy refusent les choses justes a celuy quy a les armes a la main. Je me contenteray neammoins de superseder le siege de Monheurt jusques a ce que j’aye [tout ce quy m’est necessaire a cet effet, et feray sejourner l’armée du roy sur vos terres et dans vos belles maisons ou elle se resfraischira jusques a ce que j’aye][1] receu les commandemens du roy sur la response que vous me venés de faire, lesquels, je m’assure, seront dignes de luy et de vostre proceder, que je sçauray fort punctuellement executer. »

Ce discours finy, je me tournay vers Des Fourneaux et luy dis : « Donnés le departement de toute l’armée depuis les fausbourgs de cette ville jusques a une lieue a la ronde, et leur ordonnés d’y faire bonne chere et de se recompenser des travaux et des peines qu’ils ont souffertes a Montauban. » Et sur cela je tournay le dos a messieurs d’Agen et montay a ma chambre. Ils voulurent suyvre pour me parler ; mais je leur fis dire que j’allois faire une despesche au roy, et que je ne les pourrois voir qu’a sept heures du soir, quy estoit dans quattre heures. Ces messieurs ne furent pas moins

  1. Inédit. La phrase se trouve aux manuscrits Fr. 4063, Fr. 10815, Fr. 17476, et au manuscrit de Meaux.