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journal de ma vie.

suitte vous vous appaiserés, et apres vous ferés comme il se fait entre mary et femme, quy chassent les vallets ausquels ils ont fait part de la mauvaise volonté qu’ils avoint l’un contre l’autre, apres qu’ils se sont accordés ; aussy vous luy dirés que vous n’aurés fait part du mescontentement que vous aviés de luy, qu’a moy, et a quelque autre, quy en pastirons. Vous avés veu l’année passée que la seule opinion qu’il avoit eue que vous me pouviés vouloir du bien me pensa ruiner et perdre. » Il me fit lors de grands sermens qu’il n’en parleroit jammais, quelque raccommodement qu’il peut faire avesques luy, et qu’il ne s’estoit jammais ouvert a personne sur ce sujet, qu’au pere Arnoux et a moy, et que sur la vie je n’en ouvrisse jamais la bouche qu’au pere Arnoux, et encores apres qu’il luy en auroit parlé et lors qu’il me le commanderoit. Je luy dis qu’il n’avoit que faire de me le commander et que j’avois desja fait ce commandement a moy mesme, a quy il importoit de la fortune et de la vie.

Sur cela je fus bien ayse d’avoir eu ordre d’aller a Paris peu de jours apres ; car je trouvois la confidence du roy tres perilleuse en ce temps là. Je revins au commencement du siege de Montauban, et ayant eu l’attaque des gardes a commander seul de mareschal de camp, je m’y rendis sy sujet que je ne venois jamais a Picacos, quartier du roy, sy je n’y estois mandé. Les ombrages du roy contre monsieur le connestable croissoint a toute heure ; et luy, prenoit moins de soin de s’entretenir bien avesques le roy qu’il ne faisoit auparavant, soit qu’il se sentit asseuré de l’affection cordiale que Sa Majesté luy portoit, soit