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1621. décembre.

joindrés aux rebelles huguenots, les autres huguenots obeissans et fidelles. Une seule armée, ou deux au plus, vous suffisent a faire la guerre aux revoltés, là ou six armées ne suffiront pas a ceux que vous contraindrés par cette action d’estre tels. Le seul duc de Boullon a quy vous osterés Castillon, vous forcera d’en tenir une en Champaigne contre Sdan, une en Limousin contre les places de la viscomté de Turenne ; Mrs  de la Trimouille et de Suilly, jusques astheure tres zelés a vostre service, chercheront leur seureté, et Mr  le duc des Diguieres quy vous a sy bien servy cet esté passé contre ceux de sa mesme religion, et quy contient tout le Dauphiné en paix et en obeissance, ne le pourra plus contenir, ne se pourra peut estre plus contenir luy mesme, voyant que l’on ne se peut plus fier a Vostre Majesté, ny prendre creance en sa parole. »

« Sire, je ne sçay quy vous a donné ce conseil ; mais je sçay bien, de quelque part qu’il vienne, qu’il est ou interessé, ou malintentionné, ou inconsideré, et qu’il n’en peut succeder que perte et repentir. C’est pourquoy, Sire, je vous conseille de conserver religieusement, toute vostre vie, vostre foy et parole, tant a vos amis qu’a vos ennemis, a vos voysins qu’a vos sujets, et par un noble et genereux desdain rejetter comme prejudiciables toutes les propositions et avis que l’on vous viendra donner au contraire. »

Le roy quy n’avoit pas besoin de beaucoup de persuasions pour le divertir de cette entreprise, voyant aussy que les trois mareschaux de France par leurs gestes approuvoint mon avis, n’en voulut pas demander aux autres, mais dit qu’il avoit toujours bien jugé