Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/4

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Joachim, se dresse brillante, sous le soleil qui la dore. Sa couverture de tôle jette mille feux sur les alentours. Au loin on entend le bruit strident d’une moissonneuse et la voix forte et jeune qui conduit l’attelage : Hue ! Dia ! Avance donc ! Et un jeune « habitant » à la peau basanée, aux traits hardiment dessinés, s’avance dans l’ensoleillement du grand champ. Sa tête brune, embroussaillée par les sueurs se couvre d’un large chapeau de paille un peu ébréché, une ample chemise à rayures enveloppe son torse splendide, et ses jambes sont étroitement serrés dans de souples souliers de peau de bœuf.

Tout en chantant de sa voix inculte et pleine un refrain du pays, le jeune homme façonne de beaux « javelons » qui iront bientôt remplir la grange ; il songe que le soleil perd de sa force, et que bientôt il pourra s’allonger et se rafraîchir un peu à l’ombre du vieux noyer.