Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/52

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Mais, où te promènes-tu, dit-il enfin, si tu as une cour de rien ?

— En avant sur le trottoir. C’est tout en pierre, tu sais le trottoir et puis la rue. Il n’y a pas de boue comme ici ; pas grand moyen dans vos chemins de mettre de belles bottines, dit-il en montrant son pied finement chaussé. Mais chez-nous, les rues sont toujours propres, c’est uni comme de la glace. J’ai de beaux patins à roulettes. Connais-tu ça ?

Non, dit Pierre en hochant la tête.

— Tiens, c’est des affaires tout en fer qu’on attache en dessous de ses chaussures, dit Freddy, en touchant sa semelle du plat de la main. Il y a des roulettes après, et tu envoies ton pied comme ça, fit-il, le corps en avant pour imiter le geste de patiner, ensuite comme ça avec l’autre pied, et tu roules… tu roules… loin, loin !

Petit Pierre riait fort de voir faire son cousin mais il avait des larmes aux yeux, tant il aurait donné gros pour faire comme ça, loin, loin… sur un trottoir uni comme de la glace. Comme ça devait être amusant de se sentir entraîné sur des roulettes ; ça devait faire l’effet d’une paire d’ailes qui l’entraîneraient malgré lui.

Puis le dimanche, continua Freddy, fier de découvrir tout à coup, dans sa pe-