Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/180

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GINETTE.

Ça, c’est une brave parole ! Bonsoir, petit. Bonsoir, le clairon !…

LE CLAIRON.

Et vous savez, Mademoiselle, si je passe jamais sous vos fenêtres avec ça… (Il fait le geste de porter le clairon à sa bouche.) vous saurez que c’est moi.

(Le sous-préfet les congédie. Restent seuls Monsieur Duard, sa sœur et Ginette.)
DUARD.

Allons, allons, tout ça se reforme ! Quelle vitalité admirable chez ces braves ! Encore quelques années de souffrance, d’endolorissement, il n’y paraîtra plus !… Ce qui me chiffonne, c’est quand je veux leur dire des paroles émues, sincères, je ne trouve que des mots glacés, administratifs !… Comme c’est difficile, les termes laudatifs ! Enfin, heureusement, il y a les actes, les actes !…

GINETTE.

Ah ! oui, on va s’en donner à cœur joie. Puisque j’ai pris la décision des fonctions officielles, moi aussi, je jure bien que je ne veux pas perdre mon temps ! Pas un jour de plus ; j’ai soif de sortir de mon inaction. Elle me pesait comme un crime.

DUARD.

Eh bien ! dès demain, vous serez à votre bureau. L’heure de votre installation dans vos nouvelles fonctions est fixée.

GINETTE.

Et avec tout ça, je n’ai pas ouvert ma malle. Il serait peut-être temps que je mette de l’ordre là-haut.

JULIE.

Vous n’êtes pas mécontente de votre chambre ?