Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/211

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terre sacrée et puiser là l’inspiration de ma vie. Cette émotion si attendue, désirée si ardemment, je vous demande de me la consentir vous-même. Je suis sûre que vous ne m’en voudrez pas, lorsque vous viendrez à votre tour, là-bas, et que vous retrouverez la trace de mes genoux et les fleurs que j’y aurai laissées !

CÉCILE, (éclatant, sous le poids de l’émotion, et lui tendant tout à coup les bras.)

Viens, toi !

GINETTE, (s’y précipite.)

Ah ! Cécile… Merci, merci… Vous me pardonnez donc, enfin ! (Elles pleurent sur l’épaule l’une de l’autre.) Je savais bien que vous ne m’auriez pas laissé partir sans cela !

(On entend une rumeur au dehors.)
CÉCILE, (s’essuyant les yeux.)

Qu’est-ce que c’est ?… Ne crie-t-on pas ?… Ah ! non, ce sont des gens qui passent.

DUARD.

On chante ! Ce sont les gars qui s’en reviennent, ils chantent en regardant nos fenêtres. Ils s’imaginent qu’il y a derrière les fenêtres autant de joie que dans leur cœur !

GINETTE.

Oui… Ce sont les gars, qui, la fête finie, retournent chacun chez soi… Ils se rendent en masse à la gare, un peu ivres du passé… qu’on vient de remuer…

DUARD, (de la fenêtre.)

Soir de fête… soir de bonheur ! hélas !…

GINETTE.

Écoutez… cette sonnerie ?… C’est le clairon…