Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/318

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MADAME DARTÈS.

Du reste, je veux m’en aller sans être vue de qui que ce soit.

GIBERT.

Vous n’avez qu’à sortir par la porte de la cour !… (Il continue à téléphoner.) Allô… Quoi ?… Oui !… quarante exemplaires chez Loury… cinquante chez Dentus… Mais non, pas soixante, cinquante… ça suffit… Oui, je suis justement en train de faire la liste. Que tout soit livré à six heures… Eh bien, je m’en fous, prenez un taxi… Il y a combien d’exemplaires de sortis à l’heure actuelle ?… À deux heures ça faisait six cent cinquante ?… Bien !… (Il raccroche le récepteur.) Vous semblez un peu triste… un peu à plat… Qu’est-ce qu’il y a ?

MADAME DARTÈS.

Moi ?… Non pas… Évidemment, maintenant que le volume est parti… maintenant que quelques mains l’ouvrent déjà à la devanture des libraires… j’ai tout de même comme la respiration coupée…

GIBERT, (riant.)

C’est nerveux… le trac !…

MADAME DARTÈS, (après un petit sursaut.)

De quoi ?… Vous plaisantez, je crois !… J’estime n’avoir commis aucun acte répréhensible, aucune lâcheté.

GIBERT.

Non, ma chère amie, aucune… Votre conscience peut être parfaitement rassurée… Vous êtes une victime ! Contre cet être néfaste, néfaste pour