Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/116

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c’est là-bas, quelque part… dans la terre… Donne le gobelet, hop !

(Elle boit avidement.)
FÉDOSIA, peureusement.

Je te demande pardon… c’est bien, Maslowa, c’est bien, mais tu t’animes, tu t’animes !… Il ne faut pas boire ainsi de l’eau-de-vie, tout le temps.

LA MASLOWA, se frappant la poitrine, les yeux étranges.

Une cigarette et un bon verre, tu sais, il n’y a que ça de vrai, ma petite !… On m’a dit que j’irais dans l’île de Sakaline, c’est vrai ?

(Elle a les pupilles dilatées, la voix sifflante.)
FÉDOSIA.

Je ne sais pas.

LA MASLOWA.

C’est la grande Rousse qui m’a dit ça… J’essaierai de me marier avec un inspecteur ou un greffier… même avec un gardien… Tu sais, tous ces gens-là sont faciles à séduire. Pourvu seulement que je ne maigrisse pas trop… car alors je serais perdue.

LA KORABLEWA, revenant et désignant la bouteille.

Je puis en reprendre encore un peu ? Tu es gentille… Je t’indiquerai un moyen qui te sauvera. Ton avocat ne t’a pas encore fait signer ton pourvoi ?

LA GRANDE ROUSSE, se rapprochant et désignant la bouteille.

Je vais te dire ce qu’il faut faire, moi, Catherine.