Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/32

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vertu de ton âme devant tous les couards, les Basiles de l’éternelle opposition… Pauvre grand homme courageux, sain, robuste, qui ne prévoyais même pas alors les accès de pudibonderie qui ont salué sinistrement tes contemporains : Baudelaire, Flaubert, et, plus tard, Maupassant, Goncourt, Zola, Verlaine (la liste est trop longue, hélas !) ; peux-tu juger, du trône où tu sièges, une pipe de terre cuite à la bouche, l’éternité de ta cause, puisqu’un lecteur d’aujourd’hui s’y est mépris, et, bien à la légère, j’en conviens, a pu attribuer l’éternité de ta prose à quelque Trissotin mécontent, falot et dyspeptique !…

Je m’arrêterais sur ce plagiat déloyal, mais j’ai besoin d’ajouter quelques explications relatives à l’héroïne du Phalène. Pardonne cette digression… Lorsque la Comédie-Française décida de reprendre au mois de novembre, cette année même, la Marche Nuptiale, je choisis tout exprès, dans les sujets que j’ai résolu de porter à la scène, celui du Phalène. Je conçus le dessein d’exposer au public cette coïncidence ou ce rapprochement. Puisque je m’étais donné la tâche de dépeindre le mieux que je pourrais, dans tous les cœurs et dans tous les milieux, le sentiment de l’amour et, en face de lui, les fluctuations de la personnalité, je voulus, cette fois, opposer la païenne à la chrétienne, — la jeune fille française, formée par la tradition catholique et provinciale de notre pays, à la jeune fille étrangère, l’intellectuelle sans tradition ou plutôt la barbare éprise de toutes les traditions, en qui se mêlent confusément l’apport des races et de leurs idées anciennes ou con-