Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/33

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temporaines, — bref, l’exotique telle qu’elle fleurit dans notre société, mais par exemple dans son plus intéressant terrain de culture : l’art et l’amour… Je l’ai assez fidèlement décrite, je le crois du moins ; et, en opposition à la femme française, têtue, mystique, fidèle à sa race, même dans ses écarts ou ses révoltes, j’ai peint l’ardente et tumultueuse Slave, sans discipline morale, en proie à ses instincts brutaux et superbes cependant, qui semblent, dans notre société un peu nonchalante, renouveler, si curieusement, des forces et des goûts que nous connaissions certes depuis longtemps, dont nous étions même quelque peu las, mais qu’un néo-romantisme particulier et une ardeur si expressive à les découvrir métamorphosent presque complètement à nos yeux… On m’a reproché ce romantisme et ce barbarisme mêlés, comme s’ils étaient miens ! Je décrivais, au contraire, des romantiques renouvelés au milieu de la société contemporaine, en prenant soin de mettre en valeur toutefois, ce qu’il y a d’intéressant et de neuf dans cette assimilation que font les « barbares » de nos goûts et de notre passé. Ce que j’ai écrit jusqu’à ce jour, est la négation même du romantisme ! Le moindre sens critique suffirait à en témoigner.

Des noms, auraient dû venir spontanément en mémoire… Nous côtoyons chaque jour des Thyra de Marliew ; j’en ai connu dix exemples ; mais est-ce que l’on écoute, est-ce que l’on songe au théâtre ?… Je ne partage pas plus l’idéal de Grâce de Plessans que celui de Thyra de Marliew. Je décris, mal sans doute, mais sincèrement, mon époque, — pas seulement ses mœurs (ce fut la tâche du naturalisme), mais son idéal momentané.