Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/144

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Paris !… On te jugera, tu verras, quand on apprendra ma fin… Oh ! oui, pense tout ce que tu voudras !… Pense que ce sont des menaces… canaille !… Avec un cœur pareil tu iras loin, c’est moi qui te le dis… Bandit !… (Elle s’interrompt, avec effroi, tout à coup.) Non ! Non ! Ne t’en va pas encore, je t’en supplie ! Tout, mais ne t’en va pas ! (Elle prend le téléphone à deux mains comme si elle retenait quelqu’un par le cou et elle le serre presque contre sa poitrine.) J’ai tort, là, Paul, mon petit Paul… ce n’est pas vrai qu’on ne se verra plus ?… Comment veux-tu que je vive maintenant ? Je t’en supplie, je t’en supplie ! Tu ne sais pas ce que je souffre ! Tu ne sais pas ! Je croyais que nous étions ensemble pour la vie ! (Le visage contre la plaque, elle susurre.) Mon petit gars ! Mon petit gars ! Il faut avoir pitié d’une femme comme moi. Je sens que, si je pouvais seulement t’embrasser, tu ne me laisserais pas ainsi… Tu as peur de moi et de mes larmes… Écoute, écoute ! parle-moi, parle !… Je vais me taire, mais parle donc ! Allô… allô… allô… Parle donc ! Tu es toujours là, voyons ?… Allô ! Rien ! (Elle se redresse.) Il a raccroché le récepteur !

MAURICE, (bas.)

On a peut-être coupé !

LIANE.

Non, non, je le connais… Tout est inutile. Elle laisse retomber l’appareil comme une chose morte sur les genoux de son fils. Maurice le prend, se lève et va le poser sur une console.

MAURICE, (avec force.)

Inutile ?… Pas tout !… (Changeant de ton.) Et puis, d’abord, il faudrait être bien naïf pour ne pas