Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/193

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presser, puis referme le sac et le repose sur la table. Maurice glisse dans la poche de son veston les papiers qu’il vient de prendre.) Enfin ! Ah ! j’ai eu peur !… Maintenant, j’ai mon lest. Ça y est ! Mais je l’ai échappé belle. (Il boutonne son veston.) Savez-vous, Monsieur, ce que cette femme que vous accusez de scandale et de coup monté venait de faire sans mon assentiment ? Je vais vous le dire. Depuis dix heures, ce matin même, j’avais acquis — vous voyez que c’est récent — deux ou trois petits documents relatifs à votre vénérée personne.

RANTZ.

Plait-il ?

MAURICE.

Et je ne m’en serais pas dessaisi désormais pour un empire !… Il y a une heure environ, je me suis rendu chez ma mère et je lui ai montré ces documents. Elle m’avait supplié de les lui remettre, elle avait exigé de moi que je ne m’en serve pas, au moins momentanément, et de peur que je ne puisse résister à une impulsion, il avait été convenu qu’elle les mettait dans un tiroir… comme un dépôt. Or, en venant ici, en voiture, elle m’a avoué qu’elle les avait glissés dans ce sac au moment où nous étions partis de chez elle… À son tour, elle voulait vous les montrer, oh ! de loin, disait-elle, histoire de vous les mettre sous le nez… Après quoi, elle devait me les rapporter… J’étais si sûr qu’elle ne vous verrait pas ici que je l’ai laissé faire sans crainte ; je ne me suis pas trompé, vous le voyez !… Mais l’idée, par exemple, ne m’était pas venue que ma mère allait, malgré cela, vous laisser tout son reliquaire !… Voyez !… Vous êtes justement en train de l’accuser, Monsieur, alors qu’envers vous qui la chassez d’ici — et comment ! — elle vient de se conduire