Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/332

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HONORINE.

Mais parle… Tu m’effraies… qu’est-ce que tu as ?

HENRIETTE.

Maman… si ce mariage ne se fait pas… je me tuerai.

HONORINE, (épouvantée.)

C’est à ce point ?

HENRIETTE.

Oui… je me tuerai.

HONORINE.

Ma petite !…

(Henriette pleure, la tête dans les coudes. Grand silence.)
HONORINE, (après lui avoir caressé le front, puis avoir maîtrisé son émotion avec effort, parlant à voix un peu saccadée, lente.)

Je suis persuadée que tu ne fais pas habilement appel à ma sensibilité… Je suis sûre que le désespoir que tu exprimes, tu l’éprouves réellement… Je te plains. Oh ! je te plains de toutes mes forces… Je suis prête à te venir en aide par n’importe quels moyens… même l’éloignement de toi, décide… ordonne… mais il ne faut pas non plus que cette conversation aboutisse à une ambiguïté… ou de ta part à une fausse interprétation… Je bride mon émotion, et je te redis encore, après avoir tout bien réfléchi… bien pesé, et en opposant à cette fatalité ce dont je dispose encore de sang-froid et de bon sens… « Non, ma chérie »… Exige de moi telle peine, telle mortification que tu voudras, fût-ce la séparation, je te l’accorderai. Mais le reste, n’y compte pas, prends-en ton parti tout de suite, car…