Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/206

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MADAME BOUGUET.

Va ! mon chéri ! Ton exemple l’écrasera et triomphera de tout !…

BOUGUET, (avec précaution.)

Maintenant, approchez… plus près… toi à genoux… ma chérie, là… (Il la force à se mettre à genoux. Puis il fait signe à Blondel de se rapprocher aussi.) Il faut que je vous confie l’angoisse qui me dévore… une angoisse sans nom… pire cent fois que celle de la dernière heure.

MADAME BOUGUET.

Tu m’épouvantes ! Qu’y a-t-il ?… Qu’as-tu ?…

BOUGUET.

L’angoisse de peut-être m’en aller sans que nous ayons atteint le but suprême, dont nous sommes si proches… la guérison du cancer !…

BLONDEL.

Mais tu n’es pas du tout en danger, Laurent. Quelle aberration de te l’imaginer ! On vient de m’assurer le contraire.

BOUGUET.

N’importe… Si je mourais par aventure…

MADAME BOUGUET, (avec le cri de tout son être.)

Ah ! je ne serais pas longue à te rejoindre, comme a fait Madame Berthelot… mon pauvre ami !…

BOUGUET, (s’animant.)

Quel crime ! C’est toi qui parles ? Et notre oeuvre ?… Engloutie, alors ?… Toute une humanité attend… De nous dépend la guérison de milliers d’êtres… Nous tenons presque le sérum… Dans quelles mains, dans quelles vulgarisations tomberaient nos travaux ?… Et l’Institut ?… Ma