Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/280

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un poids extraordinaire… peut-être décisif. Tout n’est peut-être pas perdu dans ce cerveau brûlé !… L’empêcher de partir, mais ce serait déjà l’avoir sauvé ! Il faut qu’il se justifie, Madame, devant les actionnaires. Il faut qu’il lutte, qu’il parle, qu’il brave même !… Tout, mais pas ce départ affreux, cet aveu d’escroquerie… pas cela !… Un appel de vous, de Madame Ulric à sa conscience, au devoir, et…

FRÉDÉRIQUE, (se levant.)

Vous êtes prodigieux !… L’égoïsme des parents, vraiment, est une chose inconcevable !… Vous qui pleurez là, Madame, vous avez tout fait autrefois pour me briser net, quand d’autres combinaisons plus souriantes étaient en jeu !… C’est à moi que vous vous adressez maintenant, et avec quelle tranquille impudence ! La combinaison a manqué, tout s’effondre, et vous pensez à l’ancienne amie pour replâtrer le ménage… Bravo, Madame ! C’est signé, ça !… Je vous reconnais !

MADAME BOCQUET.

Nous ne venons pas dans un pareil dessein ! Nous osons seulement vous supplier de vous souvenir d’un enfant qui vous a beaucoup aimée, Madame, et qui va être perdu pour n’avoir pas écouté une parole de bon sens.

FRÉDÉRIQUE.

Ah ! vous ne crânez plus maintenant !… Naguère, on redoutait tout de moi, mais maintenant, en effet, que peut-on craindre ? La bonne âme, on va aller la trouver… Il n’y a qu’à faire appel à son cœur ! Peu importe la douleur qu’elle en ressentira, la mortification, l’humiliation… ça ne compte pas ! Eh bien, vous avez mal calculé,