Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/164

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DANIEL.

Non… mets-moi la couverture sur les genoux.

MARTHE.

Vous auriez mieux fait de rester dans votre chambre ce soir, Daniel…

DANIEL.

Je ne peux pas rester là-haut, tu sais bien, au coucher du soleil… C’est l’heure où l’ombre de la grande cheminée de l’usine entre dans ma chambre… À quatre heures, elle passe sur la fenêtre du corridor, à cinq heures, elle entre dans ma chambre… Il y a un moment où elle la remplit toute… alors j’étouffe… je ne puis plus rester tant que l’ombre de la cheminée n’est pas entièrement passée. Ah ! je respire mieux sur cette terrasse !…

GRAND’MÈRE.

Il faut surmonter un peu tes impressions… Es-tu tout à fait bien, ici ?

DANIEL.

Oui, mère… si ce n’était encore cette odeur d’huile cuite et de cambouis qui monte d’en bas quand ils ouvrent les vasistas de l’atelier… Je suis bien. Passe-moi le livre, Marthe, sur le plateau… merci. Tiens, je suis heureux ce soir de t’avoir