Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/170

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DANIEL, (continuant.)

Tu auras beau faire… vous avez produit cela… (Montrant la ville.), et cela. (Se frappant la poitrine.)

MAXIME.

Oh ! ce petit geste ! la chiquenaude pour désigner « cela » !… (Il montre l’usine et la ville.) En tout cas, il y a compensation, mon petit !

DANIEL.

Bah ! sais-tu si elle est seulement si belle, l’œuvre dont tu te vantes… Ni toi ni moi ne pouvons le dire… toi, moins qu’un autre. Es-tu en mesure de comprendre cette grande douleur que vous avez mise en mouvement ? Cette plainte qui monte fatiguée et grelottante dans le brouillard, cette plainte n’a peut-être pas la signification de beauté que vous lui donnez… Et alors, vois-tu, il serait encore plus impressionnant que je sois venu à cette heure… et plus juste… Prends garde, Maxime… je suis peut-être la conscience de votre œuvre.

MAXIME, (gouailleur et de plus en plus exaspéré.)

Elle est propre !

DAMIEL, (dressé sur ses bras.)

Ah ! ah ! on ne la trouve pas à son goût, hein ?… On la voudrait un tantinet plus pimpante… Re-