Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/23

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l’action cependant incompréhensible. J’insistai auprès de M. Luzel afin de savoir si ces lacunes ne pouvaient être comblées et je lui signalai que des chanteurs ambulants possédaient peut-être le texte authentique. J’ajoutai aussi que je me proposais de développer sous forme de mystère médiéval cette légende dont le grave et puissant dénouement m’avait séduit. Je reçus la réponse suivante : « Monsieur, je crois bien avoir recueilli tout ce qu’il était possible de recueillir de cette chanson. Les contradictions que j’ai notées dans les actes des personnages viennent sans doute d’une lacune, mais je doute que les chanteurs dont vous me parlez possèdent plus que moi le texte original qui est sans doute perdu. Ce doit être encore une version adultérée ou incomplète du chant primitif. J’avoue que je ne vois pas le parti que vous pourriez tirer de cette légende en la portant à la scène : le sujet en sera toujours déplaisant et ne se prête pas au théâtre. Je vous déconseille ce travail. Recevez… »

La note en effet placée par le traducteur au milieu de la chanson signale qu’on ne s’explique pas pourquoi la lépreuse qui aime le jeune Yannik Kantek lui tend le verre contaminé par ses lèvres. M. Luzel n’allait pas plus avant. Il n’essayait pas de percer cette énigme en reconstituant le sens