Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/265

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MAXIME.

Mon frère… devant tout ce que je t’ai fait souffrir sans le vouloir, je suis bouleversé !… Je t’assure que je ne suis pas mauvais… Ce que j’ai fait, je l’ai fait sans penser à toi… sans penser qu’un jour viendrait où tu voudrais épouser une petite aveugle… Ça je te l’affirme !… Après, je me suis entêté… par déception… mais ne crois à aucune rivalité… Pourquoi as-tu commis cette folie de vouloir te supprimer ?… Enfin, te voilà sauvé, hors de danger… Je vais pouvoir retourner dès ce soir là-bas, à l’usine, et père demeurera quelques jours encore ici… jusqu’à ce que tes forces soient revenues.

DANIEL.

Tu pars ce soir ?

MAXIME.

Oui. Je te demande de ne pas trop me haïr… On s’est disputé sa part de vie les uns et les autres… mais il n’y avait pas entre nous deux des barrières infranchissables… Nous ne nous comprenions pas toujours, voilà tout… Maintenant que j’ai changé, je saisis mieux le sens de tes paroles d’autrefois : « Mon pauvre Maxime, me disais-tu, la douleur est nécessaire… » Je niais… aujourd’hui, je comprends mieux… tu m’avais donné rendez-vous au