Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/268

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les bandes de ses bras à la lueur de la veilleuse.) Là, sous les draps et les couvertures on ne verra pas le sang couler ! (Il cache les bras sous les draps puis appelle.) Marthe, éveille-toi.

MARTHE, (de la chambre à côté.)

Vous m’avez appelé, Daniel ?… Vous me parlez ?… J’arrive…

(Elle entre, les mains en avant, tâtant l’obscurité. Elle va s’affaler sur la chaise longue.)
MARTHE.

Oh ! Daniel, qu’avez-vous fait !

DANIEL.

Ce que j’ai fait ? Te souviens-tu d’une heure chère où je t’ai dit : « Et si c’est une illusion, je bâtirai mes jours sur elle… ». J’ai vécu l’illusion jusqu’au bout, Marthe… voilà tout… Ce que j’ai fait ?… j’ai annulé le contrat, Marthe !… j’ai voulu rendre à la terre le sang de notre amour… Je n’en veux plus, je n’en veux plus pour vivre.

MARTHE.

Mon dieu… je n’entends pas très bien ce que vous dites… Daniel… je suis faible… Oh ! si c’étaient les paroles de pardon… si c’étaient elles !