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APPENDICE




Préface qui figurait en tête de la première édition en librairie de la Lépreuse[1].




L’auteur s’était résolu à ne point publier son théâtre. Pour qui fait deux parts de sa pensée, l’une consacrée au poème, l’autre au théâtre, celle-ci n’apparaît strictement que l’action de celle-là, et l’antagonisme entre la lettre et la parole suffit à rendre illogique, avant tout, le fait de convertir en lettre ce qui ne voulut être que parole. Une pièce pour avoir complètement atteint son but de vie doit devenir méconnaissable à la lecture. Il y aura mort apparente. Bien plus l’écrivain s’est subordonné dans son travail à des inflexions supposées de l’acteur qui, anéanties, enlèvent à la phrase son sens exprès, voire sa cohérence. Cela s’applique surtout à un théâtre comme celui-ci où l’exclamation pure équivaut maintes fois à la phrase. Quant au pathétique seulement du geste, du silence et du bruit, qui sont

  1. Cette première édition avait été publiée par le Mercure de France en 1898. Le volume comprenait : la Lépreuse ; l’Holocauste, publié sous le titre Ton Sang.