Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/51

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ERVOANIK., (se relevant.)

Elle doit venir ici tout à l’heure, mes bons parents…

Je viens de faire la conversation avec elle.

Hélas ! hélas ! elle était assise près de la porte,

et elle a pleuré à noyer son cœur.

Que ferai-je plus si vous m’ôtez son amour de là ?

MATELINN.

Un jardin sarclé n’en vaut que mieux

quand les mauvaises herbes y ont poussé.

ERVOANIK.

Hélas ! quand j’allais à la lande de mi-voie,

je saluais ma douce sur le seuil de sa porte.

Elle était occupée à ourler des mouchoirs

avec du fil d’argent pour les calices…

Elle m’a donné le ruban noir de son cou.

MATELINN.

Elle a un ruban de velours au cou,

là où devrait être une corde.

ERVOANIK.

Il n’est pas d’enfants sur la terre

qui aient autant de chagrin que nous…

Elle pleure tous les jours et je la console,

et mon cœur est si las de deviser avec elle…

(On frappe à la porte.)