Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/102

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JESSIE.

Ne me l’infligez pas, surtout !

CHAVRES, (sortant.)

Émile, ne m’attendez pas… vous pouvez monter.

(Jessie referme la porte. Seule, elle a un mouvement de détente. Visiblement cette pause lui fait l’effet d’une halte. Elle sourit à sa soudaine solitude ; elle tire un livre d’une petite bibliothèque, vient s’accouder à la table, puis se lève, allume la lampe de chevet près du lit, se regarde dans la glace, étire les bras, prend sa boîte en or, y puise un peu de rouge qu’elle se passe sur ses lèvres, puis, après une hésitation, commence à dégrafer sa robe comme si elle allait se mettre au lit. Tout à coup, elle sursaute. Elle entend un bruit au volet fermé de la porte-fenêtre.)
JESSIE.

On gratte… On dirait que quelqu’un essaie d’ouvrir les volets… Si je sonnais ?… Voyons, suis-je bête d’avoir peur !…

(Elle s’approche de la fenêtre dont les vitres sont restées ouvertes. On entend :)
UNE VOIX, (au dehors.)

Jessie… Ouvre… Ouvre…

(Rapidement, en retenant une exclamation de stupeur, elle ouvre. Max se glisse, chapeau mou baissé sur le front, et referme le volet.)


Scène III


JESSIE, MAX

JESSIE, (elle le regarde avec hébétude, sans comprendre.)

Oh ! par exemple, ça passe toute imagination !… Qu’est-ce que c’est que cette extravagance ?… Tu as osé !… D’abord, par où as-tu pénétré dans