Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/111

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épaule… que je te dorlote une seconde avant que tu t’en ailles… (Elle susurre avec câlinerie.) Car tu vas partir, n’est-ce pas, mon chéri ? Tu ne voudrais pas faire de la peine à celle que tu aimes, n’est-ce pas ? Ce serait vilain… et puis, ce ne serait pas toi, ça !

MAX.

Oseras-tu m’abandonner, et t’en aller vers ton horrible bonheur, le sourire aux lèvres ?

JESSIE.

Le bonheur ? Ah ! va, celui qui est le plus à plaindre, peut-être, ce n’est pas le délaissé, c’est celui qui délaisse !

MAX.

Des mots !… Si c’était lui, au contraire, qui allait te donner conscience de ta chair !… Oh ! cette idée… cette idée !…

JESSIE.

Allons… ne recommence pas… Tu t’étais calmé ! C’est désespérant !

MAX, (se levant et cherchant à l’entraîner.)

Viens, Jessie, par pitié… Je t’aimerai tant !… Allons-nous-en de cette maison… Que veux-tu que je devienne ? Il n’y a plus qu’à se flanquer une balle dans la peau !

(Alors, elle s’appuie à son épaule, et à voix basse, confidentielle et passionnée.)
JESSIE.

Petit bête, va !… Mais tu sais bien que tôt ou tard je te reviendrai… Alors ?… Laisse-moi donc le temps de devenir riche, de n’avoir plus besoin de subsister… Tu n’as pas confiance ?… Tu l’as dit, pourtant, nous sommes trop jeunes, et même, sans nous être possédés, j’ai été ta première maî-