Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/115

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SERGE, (avec hauteur.)

Nous disions ?…

MAX.

Voici : je suis un camarade d’enfance de Mademoiselle Cordier, j’ai voulu l’empêcher de faire une bêtise et de passer la soirée en tête à tête avec le duc… Dans la nécessité d’éloigner votre père, j’ai usé du premier moyen venu. Deux de mes amis l’ont simplement conduit à Neuilly, soi-disant pour vous retrouver dans une maison amie… J’affirme qu’il a été convenu que l’auto le laisserait en plan et filerait aussitôt au garage… Vous voyez, il n’y a là qu’un simple stratagème sans gravité, pour gagner du temps.

SERGE.

Un rien !… Une paille !… C’est une gaminerie charmante… charmante… comme dit la chanson… Vous avez un protecteur hardi, Mademoiselle.

JESSIE.

Mais regardez-moi mieux, Monsieur !… Vous ne sentez donc pas que vous faites l’erreur la plus grossière et la plus plate ?… Il me semble, moi, que si j’avais rencontré cette jeune fille dans sa maison, dans son milieu, sous la garantie même de l’amitié de votre père, je n’hésiterais pas à me dire : « Il doit y avoir méprise… Cette jeune fille-là n’est sûrement pour rien dans l’affront qu’elle subit la rage au cœur », et humiliée, Monsieur, à un point que vous n’avez pas l’air de soupçonner !… (À Max.) Tiens, malheureux… voilà l’équivoque que tu as provoquée et les soupçons dont je suis salie !… Quelle honte !… Moi, moi !…

MAX.

Patience, Jessie ; dans un instant tout sera clair !