Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/116

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SERGE.

Je ne demanderais pas mieux que de vous croire, Mademoiselle… Je me suis présenté à votre villa comme un intermédiaire ; c’était exact… J’avoue pourtant que la curiosité que j’avais de votre personne, de vos relations avec mon père me poussait aussi. Et tout de suite je vous ai vue, fine, élégante, racée, de manières très aristocratiques même… Oui, mais, alors, que voulez-vous, avec la meilleure volonté du monde… la présence inexplicable de Monsieur…

MAX.

Vous la jugez telle !

SERGE.

Cette mystification rocambolesque… hein ?… Elle serait à votre insu… peut-être à votre corps défendant ?

JESSIE.

Oh ! l’histoire est encore plus bête que tout ce que vous pouvez imaginer !… Oui, naturellement, la première hypothèse qui vient à l’esprit, c’est celle de la petite femme perverse, de l’amant jaloux qui s’acharne… cela va de soi !… Eh bien, non, pas même ! Ça, voyez-vous, Monsieur, c’est encore en pension… ça, c’est un petit garçon, un bête de petit garçon avec lequel j’ai été élevée. Il s’est tout simplement épris de la petite fille dès l’âge du cerceau et, selon l’habitude, il a toujours compté qu’on s’appartiendrait l’un à l’autre… Alors, ce garçon a appris tout l’heure, à la maison, que j’allais pour la première fois de ma vie… (Serge, du coup, ne peut, s’empêcher de ricaner, mais Jessie le regarde de ses grands yeux francs et fixes.) Oui, Monsieur, pour la première fois… franchir le