Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/162

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JESSIE.

Serge de Chavres !

MAX, (éclate d’un rire amer.)

Admirable !… Le même homme qui m’a naguère donné mon bonheur, et qui me le reprend aujourd’hui !… Car tu es devenue sa maîtresse, n’est-ce pas ?… Tu as payé de ton corps… Il l’a exigé…

JESSIE.

Il ne l’a pas exigé, Max : il a été bon… Ne l’accuse pas !… Cet acte de compassion pour moi, il était le seul peut-être à pouvoir l’accomplir… Ce n’était pas la contradiction de ses actes passés, comme tu le dis, c’était leur suite, au contraire !

MAX.

Non, car s’il avait été un homme propre, l’homme qu’il prétendait être, il ne devait rien accepter de toi !…

JESSIE.

Et faire le sacrifice d’une fortune, chevaleresquement ?… Ah ! pauvre petit !… Es-tu donc resté l’enfant de jadis !… Dans les romans, oui, ça se voit… mais, dans la vie, les hommes ont une générosité plus relative… Et c’est déjà beaucoup que ce qu’ils appellent leur bonté…

MAX.

N’est-ce pas ?… Car, depuis, il t’a couverte d’or… donné ces perles ?…

JESSIE.

Il a remédié à notre débâcle lamentable, Max… Et il s’en va. Voilà, voilà le bilan, piteux et dérisoire…