Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/201

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sang !… Assez, je te prie !… Laisse-nous reprendre le souffle !

JESSIE, (les yeux égarés.)

Qu’est-ce qu’il y a à dîner, ce soir ?… Il faudrait quelque chose de réconfortant.

BIANCA.

Il y a du filet de b… (Comprenant.) Tiens, si c’est comme ça, j’aime mieux ne pas parler ! Tu deviens folle, tout simplement ! Et puis, d’abord, j’éclate, moi !… En quoi es-tu responsable de la mort de Max ?… C’est lui qui t’a entraînée… qui t’a fait rater ta vie… et c’est…

JESSIE, (interrompant.)

Tu ne t’étonneras pas si je m’en vais ce soir !

BIANCA.

Où ?

JESSIE.

Je n’en sais rien ! Mais, en ce moment, je ne supporterais pas ta présence… S’il y avait eu de la souffrance en toi, j’aurais pu chercher un apaisement ici… parler de lui… Seulement tu dissimules mal ta satisfaction de me voir revenue, fût-ce à ce prix. Georgette m’a raconté que ce matin tu lui avais dit : « Maintenant, ma petite fille est sauvée ! » Je crois même que tu as ajouté : « Ouf ! »

BIANCA.

Ah ! par exemple, quelle sale menteuse, cette fille !… Je vais la flanquer à la porte !…

JESSIE.

Oui ?… Veux-tu que je la sonne, elle le redira devant toi. (Silence de Bianca.) Ah !…