Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/210

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CHAVRES.

Que veux-tu dire ?

SERGE.

Connais-tu cette histoire ? Un jour, par hasard, on rencontre une petite femme sans importance, et…

CHAVRES, (nettement.)

Non. Aussi bien, je n’ai que faire de tes confidences ou de tes aveux, mon garçon… Nous n’en sommes plus là… Si tu as ajouté quelque aggravation à tes inconséquences, je n’en suis pas autrement étonné, mais je te prie de ne pas m’en faire le confident… J’ai tenu simplement par devoir, par un sentiment de déférence apitoyée, à dire à Mademoiselle Cordier et à sa mère de laquelle j’ai gardé un excellent souvenir, la part très sincère que je prends à ce deuil !… Que signifie ce mauvais sourire ? Quand on a éprouvé de l’affection sincère pour un être, plus cruel que méchant, il est aisé de surmonter, à l’heure de la souffrance, l’orgueil qui vous sépare de lui… Rien ne m’aurait empêché, pas même le respect humain, de venir dire à ces femmes : « Je vous plains ! »

SERGE.

Eh bien, tu n’en auras pas l’occasion, car elles ne veulent recevoir personne en ce moment, ni toi, ni moi… tu vois.

CHAVRES.

Serais-tu chargé de me le dire ?

SERGE.

Ce n’est pas impossible.